Après mon certificat d’étude primaire (CEP), je devrais quitter à nouveau mes parents pour continuer mes études à 21 kilomètres de mon village. Mon père me proposa de rester chez l’un de ses amis, ce que je refusai parce que j’avais peur de vivre le sort de certains qu’on envoie étudier et qui sont transformés en domestiques et maltraités. Il me fit une seconde proposition qui est celle de me louer une chambre où je resterai seul, ce que j’acceptai. Mais un mois après, je n’en pouvais plus, car tous mes amis étaient partis à un internat Catholique. Je ne voyais mes amis seulement qu’au collège. J’étais devenu comme un prisonnier, tout m’énervait, tandis que je trouvais mes amis au collège heureux qui racontaient leurs vies à l’internat, et qui étais trop intéressants.

Pour trouver solution à mon problème, un week-end je pris tous mes effets et rentrai au village. Le dimanche soir, je devais retourner, j’ai dit « non » à mon père qui me demande la raison. Je lui fais savoir que je voulais aller à l’internat. Surpris, il refusa catégoriquement parce que nous sommes d’une famille musulmane, et ceci ne s’était jamais présenté. De plus, il n’aurait plus sa place dans la communauté peule et même musulmane, et pire encore, lui, un el Hadj, laisser son fils devenir Chrétien, c’est la pire des malédiction que le monde n’ai jamais connue. L’histoire peule retiendrai son nom toute la vie pour une mauvaise renommée s’il l’acceptait et qu’il serait le malheur de sa descendance et serait considéré comme pire que Satan. « A grand jamais je n’accepterai ça » m’avait dit mon père. Nous sommes restés à nous tirailler sur ça pendant plus d’une semaine. J’étais toujours resté à ma position, lui de même. Pour le convaincre, je lui ai dit de choisir entre me laisser aller à l’internat pour la suite de mes études et me voir aller rejoindre mon oncle en brousse pour devenir un berger. Me connaissant bien sur l’irréversibilité de mes décisions, je le mis dans un dilemme.

Finalement, je gagnai la partie malgré mon père. L’a-t-il accepté parce que j’étais son fils ainé vivant ? Ou peut-être parce qu’il craignait perdre tout ce qu’il avait investi jusqu’à la, ou encore parce qu’il m’aimait de trop. Lui seul savait la raison.

Est-ce que après un mois de retard je serais accepté encore à l’internat ? Vingt personnes pouvaient y accéder. J’étais la 21ème personne. Je contraignis mon père à aller tenter l’impossible. A son arrivé, habillé comme tout bon musulman, il rencontre le prêtre chargé de l’internat et lui explique la situation telle qu’elle était. Est-ce qu’il faut respecter les règles de l’internat ou bien laisser partir l’un de rares musulmans à l’internat Catholique de surcroit un peul ? Ou violer les règles pour l’accepter, ce qui fera un des rares fideles de plus à la communauté Catholique ? Ce fut un dilemme pour le prêtre. Le prêtre, ne pouvant trouver seul la solution, laisse mon père dans son bureau et alla consulter les autres après quoi je fus admis à l’internat avec un surnombre. Ainsi, je commençai une nouvelle vie.

A suivre…